... on commence par un tour de table, pour se présenter et dire ce qui nous vient sur le thème proposé...
moi j'ai perdu l'essentiel, alors tout est simplifié
pour moi, une vie vivable c'est une vie où on arrive à prendre son temps, déjà au moins pour réfléchir à ce qu'on veut vraiment. Pour moi c'est invivable d'être dans la course et de ne pas avoir le temps.
J'enseigne écologie & energie dans un lycée agricole. La crise énergétique est là, et quand on y pense, le temps, les relations prennent une autre dimension. L'argent est le plus grand diviseur commun et si on part de ça c'est invivable.
Je découvre juste le thème. Aujourd'hui je suis dans cette recherche, dans beaucoup de changements dans ma vie. Je suis plus dans la relation, le contact et ça me nourrit beaucoup. Je peux passer à autre chose qu'être mère de famille maintenant que mes enfants sont grands. J'ai besoin de simplifier ma vie, qu'elle devienne plus chaleureuse.
Le film, le site m'ont intéressé. On s'aperçoit que la vie passe. Je travaille à pole emploi, on voit passer beaucoup de gens. Est-ce qu'on est des êtres humains ou des consommateurs ?
Venu un peu en observateur. Je prends de plus en plus la vie comme un rouleau compresseur qu'on n' arrive plus à arrêter. On n'arrive plus à aller se promener, à penser aux choses simples. Je suis venu pour voir et entendre d'autres personnes, essayer de ralentir le rythme que je me suis imposé moi-même.
Nous sommes en bio et dans une démarche de simplicité volontaire. Resister à tous ces besoins artificiellement crées, avec tous ces objets prets à jeter dès le jour de leur achat. J'attends quelque chose de concret. On change des choses mais on aimerait aller plus loin...
Ce qui m'intéresse beaucoup c'est l'écologie sociale, le lien entre l'écologie et la politique sociale, comment on s'engage là-dedans et comment on fait avancer ça.
J'en suis à un moment de ma vie où je voudrais bien la simplifier. Dans ces réunions, des phrases par-ci par-là m'éclairent, je cherche à droite à gauche.
Je connaissais déjà Pierre Rabhi... J'essaie de m'investir dans la vie sociale plus large. Agir pour la frugalité choisie et non subie.
J'ai vécu une expérience de vie très simple, avec quelques familles, en forêt, yourte, cabanes, sans électricité ni eau courante, et même si des circonstances m'ont remise dans un mode de vie plus classique, j'essaye de rester dans une grande simplicité, en ne consommant pas trop d'énergie, etc
Le thème de ce soir m'intéresse intellectuellement parce que je participe à la revue itinérante Z et également de façon plus pratique je suis en recherche de simplicité, d'une vie plus expressive et autonome. Au delà d'un certain point, le basculement est forcément collectif et c'est ça que je viens chercher ici.
Je participe régulièrement au café-débat. C'est tentant la simplicité, mais je pense qu'il faut définir une simplicité raisonnable. Si on parle de vie simple il faudra inventer des relations qu'on ne connait pas encore. Je pense que pour le "materiel" il nous faut de la simplicité, mais dans nos idées, on ne doit pas être simples mais développer une créativité.
J'essaye d'avoir une démarche au plus juste entre un monde de consommation et une alternative un peu babacool qu'on voit ressurgir. En ce moment je suis en pleine réflexion sur la convergence entre l'hédonisme et un monde décroissant
On habite un peu loin, mais là le sujet m'intéressait... A la campagne on n'est pas tentés par le commerce par contre je ne me trouve pas simple, je suis quelqu'un de très compliqué.
Je suis un rural militant. Plus de vingt ans d'informatique, grands groupes, puis nous avons créé ici, une entreprise. Partis de rien puis on se donne les moyens. C'est fatigant mais très intéressant. On a choisi entre le schéma classique croissance d'entreprise et ce qu'on a essayé, plutôt participatif, mais... pas facile. On est dans une profonde mutation, plein d'idées. Pas envie de faire les choses seuls, sinon on devient fous. Les oiseaux, les plantes, je les aime mais ça ne suffit pas.
...On précise que le café-débat ou les personnes qui l'organisent ne sont pas une "organisation", ne se réclament d'aucune appartenance. Les cafés sont nés d'envie de rencontre, de construction collective...
Je connais des gens qui ont fait un choix de vie en autarcie, meme tres ouverte, et qui s'en ressentent très bien... Pour certains cela peut etre un choix, meme si nous sommes plutot des animaux tres 'sociaux'. Quand j'étais jeune (et depuis plus de quarante ans!) nous avions crée un grand lieu collectif. Je suis très contre la technique, mais serais tenté de garder quand même quelques points et... de la recherche (dite de pointe), de continuer à expérimenter, au moins dans de petits ilots témoins?. Je trouve très important de garder une vie partageable et (potentiellement) généralisable. On ne devrait pas utiliser une technique tant que une grande majorité (tous?) n'est pas informée et d'accord (cf unabomber). Quelles conditions cela implique-t-il en terme de relations, d'autonomies... ?
Des années que nous sommes anti-consommation. J'ai été longtemps à paris. J'ai fait le choix du mi-temps pour habiter à la campagne, du coup, cela a compliqué les choses (trajets...) Depuis je ne travaille plus. Campagne, c'est plus facile pour la vie simple. Je travaille sur le lieu où j'habite. Je n'étais pas plus écolo que ça mais j'ai commencé à mettre la main dans la pierre, la chaux... et découvert qu'on pouvait faire soi-même et trouver des solutions mieux que les professionnels. A tous les niveaux on se rend compte qu'on se fait rouler dans la farine. Je suis venue au café-débat parce que je me sens un peu seule. C'est difficile avec les voisins. Par exemple, le tri c'est bien, mais c'est encore mieux quand on n'a rien à trier... et pourtant on paye quand même les taxes.
Je n'ai jamais vécu en ville. Retour à la simplicité : j'y suis déjà. Je n'ai pas de certitudes. Je n'ai jamais été convaincu de rien, mais ouvert à tout. Vivre à la campagne tout seul ce n'est pas évident.
Je m'intéresse aux logiciels 'libres', et peux aider des personnes qui voudraient se "convertir" aux logiciels libres à passer le cap. J'ai toujours vécu simplement, mon père déjà vivait simplement.
J'ai connu le café par des amis esperantistes. Dans le thème, chaque terme me parle séparément. Mais groupés, je suis curieuse de voir comment on assemble tout ça. Beaucoup de choses me parlent, le SEL, etc, mais j'ai beaucoup de mal à m'intégrer à des groupes.
C'est un peu pareil pour moi, difficile d'associer ces mots. Le monde autour est parti dans du délire. Je travaille avec des enfants petits, on est très loin des liens, très coupés du relationnel. Tout ce qui est virtuel m'effraie.
...ce long tour de présentation terminé, même avec ceux qui sont arrivés un peu plus tard ...le débat s'enchaîne tout "simplement"...
Le débat c'est bien, la démocratie c'est bien, mais à un moment dans un groupe, il faut que quelqu'un décide.
Est-ce qu'on ne peut pas décider tous ensemble ?
...On explique brièvement ce qu'est la prise de décision au consensus...
en quelques mots : prendre assez de temps pour élaborer une solution qui convienne à tous, par opposition par exemple à un vote qui laisse forcément une minorité insatisfaite...
En attendant d'avoir une page sur le site (outre le chapitre autour de la CCC http://rencontres3.free.fr/ccc -Communication Conflictuelle Chaleureuse ,, quelques autres liens sur le sujet : passerelle eco, campclimat.org, lapasteque.org...
Une fois au conseil municipal d'un village, on a décidé de ne pas décider... et au conseil suivant, le problème avait disparu tout seul.
Je voudrais faire une remarque sur la simplicité. La simplicité volontaire est en fait assez complexe. Il y a une dimension négative à la simplicité : sortir de ce qui est aliénant et une positive : c'est pas compliqué de construire ce quon va construire ensemble et on n'est plus tiraillés entre des choses contradictoires, c'est ça aussi la simplicité.
Pour moi la simplicité c'est difficile à réaliser. On a du mal à penser aux choses les plus simples, ce n'est pas réducteur : enlever ce qui est en trop, garder l'essentiel.
Les américains ont peu à peu remplacé les mots 'simplicité volontaire', ils disent "intentional community', mais en france, le mot communauté a une autre connotation. C'est compliqué les mots valises... Nous on n'aimait pas ce mot simplicité, il peut évoque un coté un peu religioso-puritain, on a utilisé aussi un peu "objection de croissance', mais on s'habitue.
Chaque personne, chaque décroissance : chacun y met quelque chose de différent.
Quelqu'un de riche va dépenser "simplement" des centaines d'euros par jour... Il faut borner le mot, pas le confondre avec "simplisme".
A l'origine, l'idée de simplicité volontaire venait de la phrase attribuée à ghandi : "vivre plus simplement d'autres puissent simplement vivre" et chaleureusement!. Le corollaire est qu'il faut envisager chaque mode de vie comme potentiellement généralisable à toute une planète. Si tout le monde voulait gaspiller/consommer comme nous, ce serait impossible.
Si on a un accord avec soi-même, ça peut paraître évident qu'on ne gaspille pas les ressources de la terre, qu'il y a des limites.
Néanmoins, on consomme toujours de plus en plus.On fait par exemple des voitures qui consomment moins, et du coup on roule plus avec. Quand on parle de vie simple et d'expériences des uns ou des autres, ce sont toujours des expériences très réduites. Comment pourrait-on généraliser ?
Si demain un produit coute dix fois plus cher, on consommera moins. Il y a quelques années un événement m'a fait prendre conscience de l'absurdité : un repas que nous avions fait au restau nous a coûté plus cher qu'un aspirateur acheté quelques jours plus tard ! C'est par l'argent que la croissance va être limitée.
Si tous les prix étaient doublés, moi je consommerais moitié moins, mais le capitalisme a besoin de nous faire consommer, quitte à exploiter d'autres pays. Le capitalisme n'a pas intérêt à ce que les prix montent et empechent les gens de consommer.
Connaissez vous le prix actuel du KWh, vos consommations actuelles d'electricité, etc ?
...seules deux ou trois mains se lèvent...
C'est la preuve que l'énergie ne vaut rien actuellement. Le capitalisme ne fonctionne que sur la consommation, les prix n'augmenteront pas au point de ne plus pouvoir acheter.
Il ne faut pas être naïfs, soit on fait la révolution pour que ça change, soit on va vers une disparition progressive des espèces animales et végétales puis des hommes.
Je suis de la génération coca-hamburger, fils de commerçant, on est éduqués pour consommer, travailler, polluer. Personne n'a plus le temps de rien, le travail pollue et encore plus par le stress qu'il provoque. C'est ce qu'on mange qui va nous faire disparaître.
La fertilité de l'homme diminue. Mais l'intelligence de la société fait qu'on pourra se passer des hommes pour se reproduire...
La vie sera simplifiée !
...rires...
Qu'est-ce qui empêche d'essayer, de créer collectivement...
On sait que ce n'est pas possible de vivre à des milliards sur cette planète, la fin de l'humanité est inévitable.
Si, c'est possible ! En revenant à des formes de vie simple. On est une parenthèse dans l'histoire de l'humanité, l'agriculture ne date que de dix mille ans, ce n'est rien... On peut quand même composer pour garder certains de nos acquis. Mais c'est compliqué parce qu'on n'est pas tentés de s'arrêter...
On peut dire "on en est là". Mais dire que la catastrophe est inévitable, c'est nier la liberté du groupe, tabler sur un déterminisme, c'est la négation même de l'histoire.
Nous ne serons jamais que la sixième grande extinction...
Il y a des chiffres quand même, sur l'évolution du climat, le trou d'ozone...
Beaucoup de gens sont conscients
Le capitaine du titanic aurait pu, en theorie, changer de cap, mais à cause de l'inertie, il a sombré quand même... On va de toute façon vers une catastrophe climatique, des populations déplacées, des affrontements.
Quand on a des membres de sa famille loin, on est bien obligé de se déplacer...
On peut se regrouper, ou se déplacer autrement qu'en voiture...
Il peut y avoir des petits groupes qui fonctionnent tantôt séparément, tantôt ensemble, selon les besoins. Ce qui est condamnable ce n'est pas l'échange, c'est la spéculation.
C'est bolo'bolo...
C'est l'energie bon marché qui a permis le développement de l'individualisme. Il va falloir compenser le manque d'énergie par des bras, cela créera du lien social. C'est la compétition qui nous détruit. L'antidote est la coopération qui sera aussi la solution de la crise énergétique.
On n'est pas sûr qu'il y ait une crise énergétique, le monde capitaliste (doit déjà avoir des solutions) et va nous proposer autre chose.
Non, il n'y a, sans doute, pas d'autres solutions techniques en vue, qui puissent produire autant d'energie que ce qu'on consomme actuellement.
Avant de partir, je trouverais bien qu'on se mette dans une perspective commune. J'ai été émerveillé pendant la projection : c'était la première fois que je voyais les petites expériences dont chacun parle, éparpillées et inefficaces, pour la première fois je voyais des possibilités sur le plan mondial. On va essayer de voir ce soir comment arriver à s'organiser en lien avec tous ces gens là, internationalement... Sinon, les petites histoires individuelles sont écrasées par le capitalisme. Le problème de fond que je reproche aux organisations de gauche : dans les stratégies qu'on a, la compétition nous amène à la guerre, économique et militaire. Seule la coopération nous fera réussir la société. Actuellement dans les organisations, pas de stratégie concrète pour passer de la compétition à la coopération.
La coopération politique c'est un oxymore : par essence, la politique (politicienne) c'est la course au pouvoir...
Il faut combattre certaines formes de plus en plus repandues de mise en réseau par internet. J'ai été très en colère de voir comme certains réseaux gardent toutes les traces. Il faut se poser la question "pourquoi j'ai besoin de ça ?", "Comment je pourrais faire autrement ?"
"Dis-moi ce dont tu as besoin et je te dirais comment tu peux t'en passer" (coluche)
La consommation c'est très consolateur. Quand ça va, il n'y a pas besoin de consommer. Sinon, il faut se demander : qu'est-ce qui n'a pas été mis en place plus tôt, et qui manque, donc pousse à rechercher la consolation par la consommation ?
...on choisit un thème pour le mois prochain... le premier thème proposé accroche tellement que le débat démarre au quart de tour et continuerait longtemps si on le laissait aller... on le garde pour la prochaine fois !
Une personne parle de l'association les Ombelles, des stages et visites qu'elle propose...
Pas mal de gens ont donné des exemples et disent que c'est plus simple à la campagne. Mais 90% de la population vit dans des grandes villes inondées de pub et de capitalisme. A la campagne, on subit peut-être moins d'aggressions de ce type, mais d'autres problèmes se posent. Mon souci: comment faire en sorte de rendre la vie plus simple en ville puisque le monde dans les pays riches est majoritairement urbain. C'est pas simple...
On peut lire la revue "désurbanisme", il y a bien des exemples comme les street farmers à londres, il y a quarante ans, plus qu'autonomes en pleine ville...
Il y a quarante ans, à quinze kilomètres de paris, on allait chercher le lait à la ferme
même à trois kilomètres... pour créer l'abondance, on pourrait planter/semer partout. Ici à Troyes, la population n'est pas dense.
Aux USA, dans des régions qui se désurbanisent, il y a des usines vides où se créent des fermes. Se posent des questions de rendre ces lieux autonomes en énergie. Est-ce possible à Troyes ?
Les derniers continuent longtemps la discussion debout, "prêts à partir", puis encore sur le trottoir pendant que le café ferme... certains vont encore discuter jusqu'à trois heures du matin...